Isaac Joseph Berruyer (1681-1758)

 Père Jésuite, écrivain

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Isaac Joseph est né à Rouen le 7 novembre 1681, fils de Jean de Berruyer, seigneur de Bernesault et de Marguerite de Thiboutot d'Alvimont. Sa généalogie familiale figure dans la base des Berruyer.

Il rejoint la Compagnie de Jésus en 1697.

Son oeuvre principale est « L'histoire du peuple de Dieu » publiée en trois parties. 

Isaac Berruyer Histoire du peuple de Dieu

La première porte le titre de « Histoire du peuple de Dieu depuis son origine jusqu'à la venue du Messie » (publiée à Paris en 1728, 7 volumes). Une édition revue et augmentée fut publiée à Paris en 1733. L'édition suivante, contenant la suite des prophéties de l'Ancien Testament, l'Histoire de Job, des cartes nécessaires pour comprendre l'histoire sacrée, etc. En 1736, sept éditions avaient été imprimées. Son ouvrage fut traduit en Allemand, Italien, Espagnol et Polonais.

La deuxième partie fut publiée également à Paris en 1753 : « Histoire du peuple de Dieu depuis la naissance du Messie jusqu'à la fin de la Synagogue ». En 1754 une édition plus exacte apparut à Anvers (8 volumes), et en 1755, une nouvelle édition à Paris. Selon De Backer, cette partie fut publiée contre la volonté de supérieurs Jésuites du père Isaac, qui indiqua son nom sur un très petit nombre d'exemplaires.

La dernière partie est intitulée « Histoire du peuple de Dieu, ou paraphrase des Epitres des Apôtres » (1758 à Lyon, 2 volumes).

Au fur et à mesure de son avancement, cette œuvre a suscité un grand tapage et une amère controverse. Ecrite dans un style brillant, vivant et très rhétorique, elle fut néanmoins fortement critiquée. On lui reprochait violemment d'avoir donné des airs de romance à des passages de textes sacrés, au lieu de s'en tenir au style sobre habituel. La liberté qu'il prit dans la description de certains faits fut jugée inconvenante dans une écriture chrétienne, et blessante pour le lecteur. Certaines thèses qu'il mit en avant furent interprétées comme incitant au Nestorianisme (hérésie qui considère Jésus comme deux personnes distinctes, inséparablement unies), à l'Arianisme (hérésie qui  nit la divinité de Jésus-Christ, soutient que les substances des trois personnes de la Trinité sont distinctes, sans relation entre elles, et reconnaît au Père seul la qualité d'éternel) et au Pélagianisme (hérésie qui  minimise la notion de péché originel, met en cause la pratique du baptême des enfants et nie la nécessité de la grâce divine). Mais par dessus tout, Isaac fut blâmé pour avoir partagé les opinions paradoxales du jésuite Jean Hardouin (qui contestait l'authenticité de la plus grande partie des littératures grecque et latine, classiques ou chrétiennes ; ses jugements étaient d'un arbitraire farfelu. L'Énéide de Virgile aussi bien que l'oeuvre de saint Augustin seraient des faux fabriqués au XIVe siècle par des moines hérétiques).

Pour ces raisons, son travail fut condamné par de nombreux évêques de France – en particulier par Colbert, évêque de Montpellier, janséniste notoire et par l'archevêque de Paris, Christophe de Beaumont  –, par ses supérieurs jésuites, par la Sorbonne et par le Parlement de Paris.

La première partie fut mise à l'Index le 27 mai 1732, la seconde le 3 décembre 1754, et la dernière le 24 avril 1758.

Le bruit  fait autour de cette publication à sa diffusion dans le public ; Paris, dit-on, en était inondé. Une nouvelle édition était prévue en 1788 mais fut arrêtée par la Révolution.

Il enseigna longtemps les humanités et vécut dans la maison professe de Paris, où il mourut le 18 février 1758.

Une édition corrigée de la première partie, approuvée par la censure romaine, fut publiée à Besançon en 1828.

Le mot de la fin sera à Voltaire, qui, dans son Dictionnaire Philosophique propose quelques réflexions sur Adam :

« Quelques esprits creux, très savants, sont tout étonnés, quand ils lisent  le Veidam des anciens brachmanes, de trouver que le premier homme fut crée aux Indes, etc., qu’il s’appelait « Adimo », qui signifie l’engendreur, et que sa femme s’appelait « Procriti », qui signifie la vie. Ils disent que la secte des brachmanes est incontestablement plus ancienne que celle des juifs ; que les juifs ne purent écrire que très tard  dans la langue cananéenne, puisqu’ils ne s’établirent que très tard dans le pays de Canaan ; ils disent que les indiens furent toujours inventeurs, et les juifs toujours imitateurs ; les indiens toujours ingénieux, et les juifs toujours grossiers ; ils disent qu’il est bien difficile qu’Adam  qui était roux, et avait des cheveux, soit le père des nègres qui sont noirs comme de l’encre, et qui ont de la laine noire sur la tête. Que ne disent-ils point ? Pour moi, je ne dit mot ; j’abandonne ces recherches au révérant père Berruyer de la société de Jésus ; c’est le plus grand innocent que j’aie jamais connu. On à brûlé son livre comme celui d’un homme qui voulait tourner la Bible en ridicule mais je puis assurer qu’il n’y entendait pas finesse. »

 

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Cette page a été actualisée le 15/08/2006.

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