(Jean Maurice) Alfred Berruyer (1819-1901)

 Architecte

Alfred Berruyer Alfred Berruyer

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Né à Roybon (Isère) le 15 mai 1819, fils de Jean-Joseph Berruyer, géomètre et juge de paix dans cette localité, et de Marianne Vincendon.

Alfred Berruyer, après avoir étudié au collège de Saint Marcellin, est reçu à l’école des Beaux-arts à Paris :

« Dès le premier concours pour l’admission dans cette école, il fut remarqué par la précision de son dessin et surtout par la science toute particulière du tracé des ombres. Ses premiers lavis frappèrent les examinateur. Aussi força-t-il les portes de l’école dont il devint un des plus brillants élèves » (Pierre Baffert - Annales Dauphinoises de 1902)

Le dauphinois a la chance d'avoir pour professeur Visconti, le célèbre architecte à qui seront confiés plus tard l’achèvement du Louvre et des Tuileries. Il fait également la connaissance de Viollet-le-Duc, qui se révélait  comme le plus grand initiateur de l’art gothique et qui allait l’influencer. Alfred Berruyer entre ensuite chez l’architecte lyonnais M. Exbrayat. C’est là que sa grande notoriété allait commencer.

Il devient ensuite architecte diocésain dans le département de l’Isère et construit diverses églises dans le style gothique primitif ou roman : les églises de La Salette, de Saint-Bruno de Grenoble, de La Mure, de Roybon. Il procède à la restauration de la cathédrale de Grenoble et aux restaurations de châteaux de Murinais et de Villard-Bonnot.

En 1870, il est capitaine de la Garde Nationale et publie, à cette occasion un guide d’infanterie ou commandements des écoles de soldats, pelotons et bataillons.

Il était aussi écrivain ; c'est à ce titre qu’il fut reçu à l’académie delphinale le 16 mai 1890. Il a publié entre autres :

Il mourut à Grenoble le 28 novembre 1901, après vingt mois de souffrances.

« C’est un enfant de Roybon qui a voulu dormir son dernier sommeil sur les rives de votre Galaure. Il aimait l’immense expansion de vos prairies,où sous le chêne géant de la forêt croît l’humble bruyère. La carrière qu’il avait embrassée le conduisit au seuil des palais mais il aimait à venir se reposer aux portes des chaumières. » (Claude Muller - Rendez-vous de l’histoire)

 Oeuvres

La liste des édifices conçus par l’architecte est impressionnante : on lui doit plus d'une trentaine d'églises iséroises ou d'édifices privés.

C’est donc à Alfred Berruyer que l’on doit :

On lui doit aussi des châteaux : celui de Miribel à Villard-Bonnot, du général Chabaud-Latour à Uriage, ainsi que des hôtels particuliers, sans oublier le pensionnat de l’Aigle à Grenoble. Il apporta son concours à la construction de l’hôtel de la préfecture à Grenoble et à la réfection du palais de justice après son incendie.

Une œuvre de jeunesse de Berruyer fut la chapelle de style roman-byzantin des Papeteries, à Rives, commandée par Victor, Augustin et Léonce Blanchet qui contribuèrent également à la dépense. Les travaux commencés en 1846 s’achevèrent en 1849 pour le gros œuvre et l’aménagement intérieur, Berruyer s’occupa du mobilier, de l’autel et des chandeliers qu’il dessina lui même. Quant à la décoration de la voûte, du chœur et des murs, elle fut l’œuvre  du peintre de Voreppe : Alexandre Debelle, qui en signa la réalisation en 1854.

Une de ses plus grandes œuvres fut la restauration du château de Murinais, à partir de 1852. Cette restauration lui apporta une certaine notoriété si bien qu’en 1862 et 1863, il fut chargé de la restauration de la cathédrale de Grenoble (autre site):

« Il recula les tribunes jusqu’au dessus des chapelles gothiques qui longent les basses nefs, fit tailler dans les angles des piliers d’élégantes colonnettes qui en atténue la lourdeur et dans les ogives les moulures des archivoltes. Les baies Louis XIV furent divisées par un meneau surmonté d’un chapiteau joignant le centre de l’anse du panier. La grande nef fut augmentée de tout l’espace compris par le porche, la tribune du fond supprimée et remplacée par celle qui supporte l’orgue et qui est placée en encorbellement. » (Pierre Baffert)

Toutes ces modifications ne firent pas l’unanimité. Si en 1873 et 1874 les nouvelles sacristies et la chapelle du Sacré-cœur, décorée d’une peinture murale par l’abbé Guétal fut bien acceptée, la critique redoubla quand il entreprit en 1880 le placage en ciment sur la façade de la cathédrale, nouvelle entrée que l’on vient d’ailleurs d’enlever. On lui reprocha surtout deux choses : d’abord d’avoir ainsi masqué l’ancienne porte romane ; ensuite l’emploi du ciment dans cette restauration.

Alfred Berruyer construisit ensuite l’église Saint-Bruno à Grenoble. La première pierre avait été posée en 1874. Cette église (qui a beaucoup d’analogie avec celle de La Mure) fut construite grâce à une subvention de 30 000 Frs de la ville, un don de 100 000 Frs des Chartreux et de nombreux petits dons particuliers.

Il participa également à la construction de l’église Saint Valère à Rives, inaugurée le 10 octobre 1897 :

« De style néogothique, d’une beauté rare, construite en tuf, matériau pris sur place, toiture en ardoise ; le clocher érigé d’abord en tuf a été recouvert, il y a quelques années, par une toiture ardoisée. » (Marie-Thérèse Poncet - Rives sur Fure, l’église Saint Valère)

Sa construction évoquée dés 1857 ne sera réalisée qu’à la fin du XIXe siècle. Les plans ont été dressés par Alfred Berruyer entre novembre 1889 et mars 1890. Il donnera même son avis sur l’emplacement de sa construction ; mais c’est Fernand Bugey qui dirigera les travaux : Berruyer avait alors plus de soixante-dix ans.

Cette église sera réalisée selon les plans avec plus de chance que celle de Bourgoin dont les flèches qui auraient pu rivaliser avec celles de Saint-Bruno de Voiron n’ont pu être construites faute de moyens financiers...

Cathedrale de Grenoble Eglise de Voiron Eglise de Roybon

La cathédrale Notre-dame de Grenoble, l'église St Bruno de Voiron et l'église St Jean-Baptiste de Roybon, oeuvres d'Alfred Berruyer

Dans un tout autre domaine, un des aspects moins connus de la vie de Berruyer est sa passion pour le vélocipède. Son inventeur, Ernest Michaux, avait proposé en 1861 de munir la roue avant des draisiennes d'un pédalier et d'utiliser la force de rotation pour les faire se mouvoir. Mais du fait de l'absence de démultiplication, cette roue devenait rapidement plus grande que la roue arrière et cela posait quelques problèmes lorsqu'on voulait s'arrêter. Alfred Berruyer inventa un dispositif, la jambe étrière, dont il déposa le brevet vers 1869, qui permettait au « veloceman » de stabiliser son engin à l'arrêt :

                                                               

Cette invention connut une certaine ferveur dans la décennie qui suivit. Elle tomba ensuite dans l'oubli au moment de l'invention de la traction par chaîne qui allait transformer le vélocipède en bicyclette.

 Bibliographie

Alfred Berruyer (1819-1901), architecte diocésain du département de l’Isère (Thèse de Frank Delorme, 2000)

Alfred Berruyer (1819-1901), la volonté d’un architecte diocésain (Cédric Avenier, La Pierre et l'Ecrit, 2002)

L'architecte Alfred Berruyer (Philippe Dufieux, Autrefois, n°39, 2000)

Sa biographie existe sous la référence V 6007 du Fond Dauphinois de la Bibliothèque d'Etudes Lyautey de Grenoble.

 Généalogie patronymique

 

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Cette page a été actualisée le 15/08/2006.

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